Texte de Régis Ambroise

pour l'exposition Rêv'art en 2005

 

 

« Comment exprimer, donner à voir et transmettre la lumière et l’énergie de la vie à travers son intervention artistique ? L’observation fine de la nature pour en saisir les flux et les transparences constitue la première phase de son processus de création. Il cherche à ressentir les mouvements exacerbés par la mort de la branche coupée ou la feuille tombée de l’arbre et les utilise pour recomposer une nouvelle expression de la vie à travers les mouvements qu’il propose.

De même que l’ambre de la Baltique transmet la fragilité intacte d’un pétale fossilisé, Roman Gorski utilise de la colle, des vernis, de la résine pour offrir à travers les végétaux récupérés une diversité de transparences selon la qualité de la lumière du lieu où l’œuvre est exposée.

La relation intime entre l’ossature bien concrète des branches et l’épiderme plus subtil des feuilles constitue une autre constante des œuvres de l’artiste obsédé par l’expression du rapport magique entre la matière et le souffle dans le monde vivant.

Au hasard d’installations réalisées pour différentes expositions, au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, devant l’Arc de Triomphe, dans des parcs et jardins, une évidence s’est progressivement imposée : l’espace constitue une composante essentielle de l’œuvre.

Certaines parties des membranes disparaissent remplacées directement par l’air qui apporte aux objets la fluidité d’une respiration. Ainsi des sculptures réalisées à partir d’éléments végétaux récupérés juste avant leur décomposition sont réorganisées de façon à nous donner à méditer autour du mystère de la vie et de la mort. Leur souffle qui vient du passé nous pousse à imaginer un avenir et de nouvelles harmonies.

Aujourd’hui Roman Gorski épure toujours plus ses œuvres considérant que son rôle consiste seulement à donner à voir la force créatrice d’un lieu grâce à des interventions minimums : geste de couleur, trace animée par le vent. Cette forme d’art qui élargit les frontières de la sculpture nous questionne sur la place que nous saurons laisser à la nature et à la vie dans nos projets d’avenir. »

 

Régis Ambroise (mai 2005)